mardi 9 février 2016

Le silence de Mélodie de Sharon M. Draper

Résumé

Quand j'ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient de mots, et tous mes mots avaient une signification. Mais seulement dans ma tête. Je n'ai jamais prononcé un seul mot. J'ai bientôt onze ans.



Publié en 2015 aux éditions Michel Lafon
282 pages










Ce que j'en pense

En voyant ce livre dans les rayons à la bibliothèque, je l'ai pris sans trop me poser de questions. Je savais qu'il figurait parmi les livres jeunesse, mais ça fait toujours du bien de varier ses lectures. J'ai donc commencé ma lecture doucement, sans rien attendre ni anticiper. 

Le silence de Mélodie raconte l'histoire d'une jeune fille de onze ans atteinte d'une paralysie cérébrale. Elle est très intelligente, même plus que la plupart des jeunes de son âge, elle comprend tout ce qu'on lui dit quand on lui parle, mais elle ne peut pas parler. Tout son corps, à l'exception de ses pouces, est paralysé. Elle se déplace en fauteuil roulant, elle a besoin qu'on la fasse manger, qu'on l'habille, qu'on l'aide à aller à la salle de bain. Elle est dépendante des gens qui s'occupent d'elle, mais ça n'enlève en rien la petite merveille qu'elle est.

Comme je n'ai pas d'enfants, je ne peux pas vraiment m'imaginer comment ce serait d'avoir un enfant handicapé. Cependant, en lisant ce livre, j'arrivais très bien à ressentir la détresse des parents. Bien sûr, ils aiment Mélodie, bien sûr, ils feraient n'importe quoi pour elle. Mais ce n'est pas toujours facile. Parfois, après une longue journée, ils aimeraient bien se reposer et se prélasser, mais c'est impossible. De l'autre côté, on ressent aussi très bien la frustration de Mélodie. Par exemple, lorsqu'elle était plus jeune, elle avait un poisson rouge. Un jour, il a sauté en bas de son bocal. Elle a crié, crié et crié pour alerter sa mère. Comme elle ne venait pas, elle a tenté de le sauver en faisant tomber le bocal pour que le poisson reçoive de l'eau. Quand sa mère est arrivée, elle pensait que Mélodie avait voulu tuer le poisson. Honnêtement, cette jeune fille est d'une force et d'une endurance incroyable. Durant tout le roman, je n'ai cessé d'avoir de l'admiration pour elle. Ce devait être extrêmement dur de vivre dans sa peau.

« Maman est revenue en me grondant une nouvelle fois.
- Ton poisson est mort, Mélodie. Je ne comprends pas pourquoi tu t'en es prise à cette pauvre petite créature. Il était heureux dans son petit monde.
Justement, je me suis demandé s'il l'était vraiment, au fond. Il en avait peut-être ras le bocal de tourner en rond au-dessus de ses petits cailloux. Peut-être qu'il n'en pouvait plus. Moi-même, c'est ce que je ressens, parfois. »

Heureusement, Mélodie a une panoplie de gens fantastiques qui prennent bien soin d'elle. Madame V. est juste parfaite. Elle repousse sans cesse les limites de l'enfant et elle n'arrête jamais de croire en ses capacités tant intellectuelles que physiques. Ensuite, Penny est une petite boule d'énergie qui apporte un charme supplémentaire à l'histoire. Catherine, son éducatrice, est formidable et elle prenait toujours bien le temps de comprendre ce que Mélodie voulait vraiment.

Malheureusement, comme le personnage principal a onze ans, les enfants sont de vrais monstres avec elle. Quelques-uns se moquent d'elle, l'imitent... Ceux qui se disent ses amis n'hésitent pas à l'abandonner dès que l'occasion se présente. Franchement, les enfants n'ont aucun respect et aucune compréhension. Je les aurais bien secoués.

En général, j'ai tout apprécié de cette histoire. Elle n'est pas compliquée, les personnages principaux sont adorables et l'intrigue est bien ficelée. Le seul point négatif que j'ai retiré est que la première moitié du livre ne relate que des souvenirs de Mélodie. Ainsi, il n'y a aucune réelle progression, aucune réelle histoire, car elle ne fait que raconter comment s'est passé son enfance. Je dois avouer que ces souvenirs sont nécessaires pour aider à la compréhension de son handicap pour le lecteur, mais je pense que l'auteur a abusé. J'aurais préféré davantage de moments présents que passés.

L'écriture de Sharon M. Draper est admirable, car même si la narratrice est une jeune enfant de onze ans, on n'a jamais l'impression de lire un bébé. Le texte est bien adapté pour tous les âges. 

Bref, je comprends certainement mieux maintenant comment se déroule la vie d'une personne atteinte de paralysie cérébrale. Ils sont touchants, drôles, intelligents: ils sont humains. C'est ça le message le plus important que dégage ce livre: ces personnes sont normales. Certes, elles ont leurs différences (comme tout le monde, non?), mais elles ne méritent pas d'être traitées comme des marginaux. Je recommande ce livre à ceux qui veulent en apprendre sur la vie de ces personnes atteintes de cette maladie. 

★★★☆☆

2 commentaires:

  1. Cette lecture est sublime. Je ne m'attendais pas du tout à ce sujet. L'auteur l'a traité de la plus parfaite des manières.

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