lundi 29 février 2016

Dans l'or du temps de Claudie Gallay

Résumé

Un été en Normandie. Pris dans les filets d'une vie de famille, le narrateur rencontre une vieille dame singulière, Alice. Entre cet homme taciturne et cette femme trop longtemps silencieuse se noue une relation puissante, au fil des récits que fait Alice de sa jeunesse, dans le sillage des surréalistes et dans la mémoire de la tribu indienne Hopi. La vie du narrateur sera bouleversée devant « la misère, la beauté, tout cela intimement lié ». 


Publié aux éditions J'ai lu en 2006
349 pages




Ce que j'en pense

À chaque fois que je vais dans une librairie, dans une bibliothèque, je regarde s'il n'y aurait pas un livre de Claudie Gallay que je n'ai pas lu. Très souvent, je n'y retrouve que Les Déferlantes ou Seule Venise. Quel bonheur d'enfin trouver un de ses livres non-lus ! Le résumé ne m'attirait pas forcément, mais c'est Claudie Gallay... Je ne pouvais faire autrement que d'acheter ce roman.

Dans l'or du temps raconte l'histoire d'un homme qui, un jour, se rend chez une vielle dame pour une histoire de fraises. C'est banal, ça n'a rien de bien important. Pourtant, le narrateur retourne chez Alice. Encore. Et encore. À chaque jour, puis à chaque semaine. À travers les souvenirs d'Alice et les bribes de vie du narrateur se créé un lien indéfinissable qui les unira pour toujours. 

Alice est une femme intéressante qui a un lourd passé. Aux premiers abords, on ne s'attend pas à toutes ces révélations chocs. On pense qu'Alice n'est qu'une vielle dame solitaire qui vit avec son chat et sa soeur. Mais elle est bien plus que ça. Elle est habitée par une histoire sombre, quoique assez fascinante. Elle est directe et elle arrive toujours à ses fins, je l'ai aimé pour ça. Ses petites pertes de mémoire la rende drôle et attachante. En fait, Alice est ce genre de personne avec qui j'aurais aimé passé un après-midi, m'asseoir et parler.
Le narrateur, tant qu'à lui, est bien différent. Tout d'abord, son nom n'est jamais révélé. C'est comme si Claudie Gallay cherchait à le rendre inatteignable, voire même distant ou froid. L'effet est réussi: j'ai eu l'impression qu'il ne vivait pas dans le même monde que les autres durant ma lecture. Il est père de famille, mais on voit bien que, même s'il dit aimer sa femme et ses enfants, il n'est pas vraiment présent pour eux. Il est là physiquement, mais jamais psychologiquement. Alice lui reproche souvent d'être trop silencieux, de ne jamais répondre à ses questions, mais il finit par s'y faire, par s'y habituer. J'ai appris qu'on ne peut pas changer les autres et je pense qu'Alice le sait aussi.

« Elle avait fait développer les photos des cailloux. Elle me les a montrées. Les cailloux tout seuls et les cailloux avec nous.
- Elles sont belles, n'est-ce pas ?
Je n'ai pas su si elle parlait des filles ou des photos.
Les filles souriaient. Anna aussi.
C'est juste moi. Moi j'étais un peu comme les cailloux. »

La relation que partage ses deux êtres est exceptionnel. Le lien qui les unit est tellement fort. Pourtant, ce lien ne s'explique pas... C'est comme cette théorie du fil rouge: « Un fil rouge invisible relie ceux qui sont destinés à se rencontrer et ce, indépendamment du temps, de l'endroit ou des circonstances. Le fil peut s'étirer ou s'emmêler, mais il ne cassera jamais… » Le narrateur ne peut s'empêcher de retourner chez son amie même si sa femme est attristée par cette situation. Elle pense même qu'il la trompe. Bien sûr, la relation entre les deux protagonistes est bien plus forte que tout ça. Ce qu'ils partagent, ce qu'ils vivent, c'est magique, c'est spirituel, c'est quelque chose qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Alors, même si le narrateur est conscient de choisir Alice contre sa famille, il ne peut faire autrement. Il y a certaines choses qui doivent en être ainsi. 

Passons maintenant à cette histoire, ces souvenirs qu'Alice dévoile. Au début, je ne comprenais pas. Et surtout, je n'aimais pas ça. Pour faire court, le père d'Alice est photographe et il décide, un jour, de partir en voyage avec sa fille dans une village indien. Là-bas, ils rencontrent des gens qui vivent pour leurs dieux, pour leurs traditions, pour leur culture. C'est assez complexe et je ne veux pas m'étaler par peur de dire la mauvaise chose. 
Comme je disais, au début, ça me m'intéressait pas du tout. Il y avait des passages qui ne concernaient que l'histoire de ce peuple et je décrochais complètement. C'est la raison pour laquelle j'ai mis aussi longtemps à finir ce roman. Plus tard, lorsqu'Alice en dévoile davantage, j'ai commencé à mieux comprendre et alors, cette histoire m'a paru fascinante. Ma lecture s'est donc mieux terminée qu'elle a commencé. 

Peut-être, qu'à ce moment, vous vous demandez pourquoi j'aime autant les romans de Claudie Gallay. En général, ce n'est jamais pour l'histoire. (Quoique...). C'est pour l'écriture, la plume de cette femme. Les phrases courtes, les chapitres courts, tout est court, mais bien pensé. Tellement bien pensé. Et placé. Les mots sont simples, mais ils ont quand même des effets coup-de-poing. J'arrive à ressentir le mal-être de tous ces personnages, même si leur histoire est complètement différente de la mienne. Je ne saurais expliqué comment Claudie Gallay arrive à faire ça, mais je peux dire que ça m'atteint. À chaque fois.

« - Le couple... C'est étrange n'est-ce pas, tout ce qu'il faut mettre en pratique pour le faire exister... Je n'aurais pas pu survivre à cela. [...] Vous avez tort de quitter Anna.
- Je ne la quitte pas.
- Bien sûr que si vous la quittez... [...] Vous la quittez et vous ne vous en rendez même pas compte. »

Bref, même si je me suis longuement ennuyée durant ma lecture, je suis contente d'ajouter ce livre à mes livres lus. Si vous souhaitez connaître cette auteure, je vous conseille de commencer par Les Déferlantes. Vous ne pouvez vous trouver. Ensuite, L'amour est une île, Seule Venise, Une part de ciel...Vous aurez compris: le choix n'est pas ce qui manque !

★★★☆☆

mardi 23 février 2016

Rien de grave de Justine Lévy

Résumé

Tu t'attendais à quoi ? je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J'ai lancé le cadre par terre, le verre s'est brisé mais comme c'était pas assez j'ai bondi sur le lit et j'ai déchiré la photo [...]. Il a eu l'air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. [...] Je ne savais pas encore que c'était la meilleure chose qui puisse m'arriver, qu'il me quitte. Comment j'aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n'existais pas.

Publié aux Éditions Le livre de poche en 2004
220 pages





Ce que j'en pense

En rentrant chez moi, hier soir, j'ai eu envie de relire ce roman. Juste comme ça. Ou peut-être que j'en avais besoin, aussi. Je pense que j'avais besoin de comprendre certaines choses.

« C'est ce que Pablo dit : peut-être que toute cette histoire m'a bousillée. »

Rien de grave raconte l'histoire de l'auteure elle-même, cachée sous le personnage de Louise, qui s'est fait laissée par son mari. Justine Lévy raconte son histoire d'amour avec un homme, Adrien (dans le roman), qui l'aimait à sa façon, mais qui n'était évidemment pas décente. Surtout, elle raconte comment, avec le temps, elle a réussi à passer à autre chose, à arrêter de l'aimer. 

Le livre commence lors de l'enterrement de la grand-mère de Louise. C'était sa personne préférée, celle qui s'est le plus occupée d'elle. Pourtant, sa deuxième maman est morte et elle ne pleure pas. Ça donne un peu le ton pour ce qui s'en vient: Louise vit avec un grand vide en elle. Elle n'a plus de larmes, elle est vide, son cœur est sec. Elle a eu beaucoup de mal à accepter le départ d'Adrien. Elle a connu la dépression, les problèmes alimentaires, l'addiction à la drogue. Forcément, on ne peut que s'attacher à elle et souhaiter qu'elle s'en sorte, qu'elle oublie cet idiot égoïste qui lui a brisé le cœur. 
En parlant du loup, je ne crois pas que ce soit nécessaire ni pertinent de consacrer un paragraphe à Adrien. Il était gentil, par moments, mais jamais complètement. Il agissait dans son propre intérêt sans jamais en pensant à Louise. C'est le genre d'homme qu'une femme doit éviter. À tout prix. 

Quand je pense à leur histoire d'amour, je me demande si Adrien a déjà vraiment aimé Louise. Il est vrai que l'auteur ne raconte que les mauvais moments, ceux qui ont causés leur séparation, mais tout de même... Il l'a peut-être aimé, mais il n'a jamais fait attention à elle.

« C'était marrant, avant, de discuter avec toi. C'était marrant quand j'aimais tout de toi, toi en bloc, tes faiblesses, tes défauts, je les aimais aussi tes défauts, et j'aimais quand on discutait, j'aimais avoir tort contre toi, et raison avec toi, et t'embrasser, et te couper la parole pour lancer oh là là tu as la peau douce, et jouer au bébé, et jouer à l'adulte, et te mettre un doigt dans ta bouche pendant que tu parlais pour t'énerver un peu, toucher tes dents, te retrousser le nez, te malmener, je t'appartenais, tu m'appartenais, tu le sais bien qu'on était comme ça. »

Sur la quatrième de couverture, il y a une phrase de Patrick Besson qui, je pense, est terriblement vraie. Il dit, « Jamais peut-être l'écriture n'aura autant sauvé quelqu'un ». Je crois que c'est ce qu'il faut retenir de ce roman: Justine Lévy s'est sauvée la vie en écrivant ce livre. Elle a extériorisé le mal, la douleur. Elle a mis fin à cette souffrance qui l'habitait et qui la contrôlait.

Je ne peux parler de ce livre sans parler de la plume, du style de l'auteur. En général, j'ai horreur des phrases longues. Ça me demande trop de concentration, alors je décroche. Mais avec Rien de grave, c'est différent. C'est même l'aspect que j'ai le plus apprécié, à bien y penser. Le style est dur, sec, mais fluide. Les points sont placés aux bons endroits et les phrases longues ont leur effet : c'est essoufflant. Peut-être Justine Lévy était-elle aussi essoufflée après cette relation.

« Oui, peut-être que c'est mieux comme ça, dans le fond. Peut-être qu'il fallait qu'on se quitte pour devenir adultes. Peut-être que c'était le seul moyen de grandir avant de vieillir, de ne pas devenir, un jour, de vieux bébés gâtés. Peut-être qu'il le fallait pour savoir un jour ce qu'aimer veut vraiment dire. Aimer ça ne veut pas dire être pareils, se conduire comme deux jumeaux, croire qu'on est inséparables. Aimer c'est ne pas avoir peur de se quitter ou de cesser de s'aimer. Aimer c'est accepter de tomber, tout seul, et de se relever, tout seul, je ne savais pas ce que c'est qu'aimer, j'ai l'impression de le savoir aujourd'hui un peu plus. »

Bref, à mes yeux, il n'y a rien de négatif avec ce roman. C'est une perle. C'est un livre qui fait du bien, mais qui fait surtout mal. On voit à quel point l'amour est destructeur, mais aussi réparateur. Il fait parti de ces livres qui me marquent, qui me touchent droit au cœur. Je ne pense pas qu'il soit possible, qu'un jour, j'oublie cette histoire.

« Mais quand même : comment est-ce qu'on fait, quand on a si mal, pour avoir l'air content ? »

★★★★★


mercredi 17 février 2016

Une chambre à soi de Virginia Woolf

Résumé

Bravant les conventions avec une irritation voilée d'ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu'à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.

Publié aux Éditions 10/18 en 1992.







Ce que j'en pense

Virginia Woolf est une femme qui m'a toujours fascinée. Malgré la déception que j'ai eu en lisant Mrs Dalloway, je n'ai jamais pensé que cette femme ne méritait pas qu'on la lise. C'est pourquoi quand j'ai vu ce livre à la librairie, je l'ai pris sans me poser de questions. 

Une chambre à soi est un essai sur la place des femmes dans la vie en générale, mais surtout dans la littérature. N'importe qui s'intéressant à cette question sait que le sujet est délicat et qu'au final, les femmes ont été affreusement limitées dans leur développement littéraire. Ainsi, on suit l'auteure à travers son sujet d'étude: quel est le lien entre les femmes et le roman ? Virginia Woolf aborde le sujet d'une façon très pertinente en faisant plusieurs liens avec d'importants écrivains comme Shakespeare, Jane Austen, les soeurs Brontë et George Sand. Elle explique à quel point il était mal vu pour une femme de vouloir écrire, d'avoir une pratique intellectuelle. Heureusement, certaines femmes ont réussi à braver ses conventions et à représenter la Femme. 

« Le monde ne leur disait pas ce qu'il disait aux hommes : Écrivez si vous le voulez, je m'en moque... Le monde leur disait avec un éclat de rire: Écrire ? Pourquoi écririez-vous ? »

Le livre est divisé en six chapitres. Les deux premiers, je les ai trouvés assez long. Je trouvais que Virginia Woolf contournait le sujet, qu'elle s'en approchait sans entrer directement dedans. Par la suite, elle s'intéresse concrètement aux écrivaines mentionnées plus haut et ça m'a totalement accroché. Elle parle du parcours de Jane Austen qui doit s'occuper de la maison, des tâches ménagères, des enfants, de son mari. En gros, elle n'a aucun temps pour elle. C'était semblable pour la grande majorité des femmes à cette époque. Jane Austen a toutefois persisté à écrire, même si elle le faisait dans le secret, et c'est grâce à elle que nous avons Orgueil et Préjugés

« Et sans vanterie ou désirer de peiner l'autre sexe, on peut dire qu'Orgueil et Préjugés est un bon roman. Quoi qu'il en soit, il n'y avait pas lieu de rougir parce que l'on était prise en flagrant délit d'écrire Orgueil et Préjugés. Jane Austen, cependant, était contente d'entendre grincer les gonds, ce qui lui permettait de cacher son manuscrit avant que quelqu'un entrât. Pour Jane Austen, il y avait quelque de peu honorable dans le fait d'écrire Orgueil et Préjugés. Et, me demandai-je, Orgueil et Préjugés aurait-il été un meilleur roman, si Jane Austen n'avait pas pensé qu'il était nécessaire de cacher son manuscrit aux visiteurs ? »

L'ironie, dans toute cette histoire, est à quel point les hommes sont obnubilés par les femmes. Ils écrivent à propos elles, ils parlent d'elles, ils les aiment, ils vivent avec elles. Et pourtant, elles n'ont pas le droit de participer à la vie publique et surtout pas d'écrire. Pourquoi ? Si elles sont si importantes au développement des hommes, pourquoi ne peuvent-elles pas être leur égal ? C'est frustrant, car on le sait bien, aujourd'hui, qu'un homme comme une femme est capable d'écrire un roman. 

À un moment, Virginia Woolf imagine ce qui se serait passé si Shakespeare avait eu une sœur dotée des mêmes capacités que lui. Elle ne prend pas beaucoup de temps avant d'arriver à la fatidique conclusion que cette sœur aurait préféré mourir plutôt que d'être emprisonnée dans ce corps de femme sans aucune possibilité de créer quoique ce soit. C'est triste, fâchant, révoltant, mais pourtant si vrai. 

« Elles écrivaient comme écrivent les femmes et non comme écrivent les hommes. Parmi les mille femmes qui alors écrivaient des romans, elles furent les seules à ignorer complètement les perpétuels conseils de l'éternel pédagogue: écrivez ceci, pensez cela. Elles seules furent sourdes à l'éternelle voix, tantôt grommelante, tantôt protectrice, tantôt autoritaire, tantôt chagrine, tantôt scandalisée, tantôt irritée, tantôt paternelle, à cette voix, qui ne peut laisser les femmes en paix[...]. »

L'écriture de Woolf est très bien structuré. J'avais peur, en lisant un essai, d'avoir du mal à suivre, de me perdre, mais j'ai réussi à bien comprendre. Il est vrai que ce livre me demandait un peu plus de concentration qu'à l'habitude. Je ne voulais pas lire avec plein de gens autour: j'avais besoin de calme et de silence afin de bien assimiler les avancements dans la pensée de l'essayiste. 


Bref, je pense que cet essai est important. Le message qu'il véhicule est important : laissez la femme être, permettez lui d'avoir une chambre à soi et enfin, peut-être, arrivera-t-elle à s'épanouir. 

★★★★☆

mardi 9 février 2016

Le silence de Mélodie de Sharon M. Draper

Résumé

Quand j'ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient de mots, et tous mes mots avaient une signification. Mais seulement dans ma tête. Je n'ai jamais prononcé un seul mot. J'ai bientôt onze ans.



Publié en 2015 aux éditions Michel Lafon
282 pages










Ce que j'en pense

En voyant ce livre dans les rayons à la bibliothèque, je l'ai pris sans trop me poser de questions. Je savais qu'il figurait parmi les livres jeunesse, mais ça fait toujours du bien de varier ses lectures. J'ai donc commencé ma lecture doucement, sans rien attendre ni anticiper. 

Le silence de Mélodie raconte l'histoire d'une jeune fille de onze ans atteinte d'une paralysie cérébrale. Elle est très intelligente, même plus que la plupart des jeunes de son âge, elle comprend tout ce qu'on lui dit quand on lui parle, mais elle ne peut pas parler. Tout son corps, à l'exception de ses pouces, est paralysé. Elle se déplace en fauteuil roulant, elle a besoin qu'on la fasse manger, qu'on l'habille, qu'on l'aide à aller à la salle de bain. Elle est dépendante des gens qui s'occupent d'elle, mais ça n'enlève en rien la petite merveille qu'elle est.

Comme je n'ai pas d'enfants, je ne peux pas vraiment m'imaginer comment ce serait d'avoir un enfant handicapé. Cependant, en lisant ce livre, j'arrivais très bien à ressentir la détresse des parents. Bien sûr, ils aiment Mélodie, bien sûr, ils feraient n'importe quoi pour elle. Mais ce n'est pas toujours facile. Parfois, après une longue journée, ils aimeraient bien se reposer et se prélasser, mais c'est impossible. De l'autre côté, on ressent aussi très bien la frustration de Mélodie. Par exemple, lorsqu'elle était plus jeune, elle avait un poisson rouge. Un jour, il a sauté en bas de son bocal. Elle a crié, crié et crié pour alerter sa mère. Comme elle ne venait pas, elle a tenté de le sauver en faisant tomber le bocal pour que le poisson reçoive de l'eau. Quand sa mère est arrivée, elle pensait que Mélodie avait voulu tuer le poisson. Honnêtement, cette jeune fille est d'une force et d'une endurance incroyable. Durant tout le roman, je n'ai cessé d'avoir de l'admiration pour elle. Ce devait être extrêmement dur de vivre dans sa peau.

« Maman est revenue en me grondant une nouvelle fois.
- Ton poisson est mort, Mélodie. Je ne comprends pas pourquoi tu t'en es prise à cette pauvre petite créature. Il était heureux dans son petit monde.
Justement, je me suis demandé s'il l'était vraiment, au fond. Il en avait peut-être ras le bocal de tourner en rond au-dessus de ses petits cailloux. Peut-être qu'il n'en pouvait plus. Moi-même, c'est ce que je ressens, parfois. »

Heureusement, Mélodie a une panoplie de gens fantastiques qui prennent bien soin d'elle. Madame V. est juste parfaite. Elle repousse sans cesse les limites de l'enfant et elle n'arrête jamais de croire en ses capacités tant intellectuelles que physiques. Ensuite, Penny est une petite boule d'énergie qui apporte un charme supplémentaire à l'histoire. Catherine, son éducatrice, est formidable et elle prenait toujours bien le temps de comprendre ce que Mélodie voulait vraiment.

Malheureusement, comme le personnage principal a onze ans, les enfants sont de vrais monstres avec elle. Quelques-uns se moquent d'elle, l'imitent... Ceux qui se disent ses amis n'hésitent pas à l'abandonner dès que l'occasion se présente. Franchement, les enfants n'ont aucun respect et aucune compréhension. Je les aurais bien secoués.

En général, j'ai tout apprécié de cette histoire. Elle n'est pas compliquée, les personnages principaux sont adorables et l'intrigue est bien ficelée. Le seul point négatif que j'ai retiré est que la première moitié du livre ne relate que des souvenirs de Mélodie. Ainsi, il n'y a aucune réelle progression, aucune réelle histoire, car elle ne fait que raconter comment s'est passé son enfance. Je dois avouer que ces souvenirs sont nécessaires pour aider à la compréhension de son handicap pour le lecteur, mais je pense que l'auteur a abusé. J'aurais préféré davantage de moments présents que passés.

L'écriture de Sharon M. Draper est admirable, car même si la narratrice est une jeune enfant de onze ans, on n'a jamais l'impression de lire un bébé. Le texte est bien adapté pour tous les âges. 

Bref, je comprends certainement mieux maintenant comment se déroule la vie d'une personne atteinte de paralysie cérébrale. Ils sont touchants, drôles, intelligents: ils sont humains. C'est ça le message le plus important que dégage ce livre: ces personnes sont normales. Certes, elles ont leurs différences (comme tout le monde, non?), mais elles ne méritent pas d'être traitées comme des marginaux. Je recommande ce livre à ceux qui veulent en apprendre sur la vie de ces personnes atteintes de cette maladie. 

★★★☆☆

dimanche 7 février 2016

Popcorn de Ben Elton

Résumé


Bruce Delamitri réalise des films où les tueurs ont la vedette. Des films spectaculaires, au réalisme effrayant. Il est loin de se douter que la réalité dépasse la fiction. Mais, une nuit, après son triomphal succès à la soirée des Oscars, deux vrais tueurs débarquent à Beverly Hiils et le prennent en otage. Ces fans d'un genre très spécial vont imaginer un scénario dont il sera la victime...




Publié 1999 aux éditions France Loisirs
317 pages




Ce que j'en pense

Avant que l'ami de mes parents ne me parle de ce livre, je n'avais aucune idée ce que c'était. Ni le titre, ni l'auteur ne me disait quelque chose. Pour la continuité de ce blog et pour ma culture personnelle (j'imagine), Stéphane, l'ami de mes parents, m'a prêté ce livre. Ma curiosité, étant plus forte que tout, m'a poussée à lire ce livre le plus tôt possible. Maintenant, c'est chose faite !

Popcorn raconte l'histoire d'un cinéaste très réputé avec ses films violents, sanglants et sexuel. Les avis à son sujet sont assez mitigés; certains le détestent, alors que d'autres l'idolâtrent. Le livre commence la journée des Oscars. Évidemment, Bruce remporte cet Oscar. Durant la soirée suivant la cérémonie, Bruce rencontre une femme charmante, Brooke, qu'il invite chez lui. Une fois arrivés à son appartement, ils sont surpris par le duo de meurtrier le plus populaire du moment: les Hyènes des hypers. 

Dès les premières pages, le lecteur est propulsé dans l'histoire. Et c'est peu dire. J'avais du mal à me situer. Un passage, on suit les deux tueurs, après, Bruce est dans une émission de télévision. C'est dur de suivre ce changement quand l'histoire n'est pas bien établie. À mes yeux, il manquait gravement de chronologie. Plus tard, cet effet de changer de scène aussi rapidement aurait pu être bien, en fait c'est un peu utilisé, mais au début, c'est trop. Ça ne fait que commencer et on est déjà perdu... 

Un autre aspect qui m'a dérangée est la présence accrue de violence. Je suis quelqu'un de très pacifiste, alors toute cette violence... ça m'a perturbée. Après tout, je pense que c'est peut-être nécessaire qu'il y ait autant de violence pour que le message, la critique sociale soit bien comprise. De plus, le sexe est largement exploité dans ce roman. Quand Bruce gagne son Oscar, la seule chose à laquelle il pense (ou presque) est le fait qu'il y a d'innombrables femmes dans la pièce, donc plusieurs poitrines. Ça donne une idée du genre de personne qu'il est... 

« - On est des boucs émissaires ! Ce pays est confronté à une crise qui touche la loi et le maintien de l'ordre, une crise cataclysmique ! Alors, il faut un coupable. Et, comme les hommes politiques refusent de porter le chapeau, on cherche ailleurs. Et on tombe sur les amuseurs publics, sur les artistes. Mais ce ne sont pas les artistes qui créent la société, figurez-vous. Ils se contentent de lui renvoyer son image à l'aide d'un miroir. Peut-être bien que ce vous voyez dans ce miroir ne vous plaît pas. Mais n'essayez pas de nous changer, nous les artistes. C'est plutôt la société qu'il faut changer. »

Pour poursuivre, Bruce, le personnage principal, est un être égoïste qui aime choquer. Ce n'est pas le genre de personnages que j'aime, mais j'ai aimé le détester. Quand il est confronté aux tueurs, je me demandais: est-ce que je veux qu'il s'en sorte? Est-ce que ça m'importe? Malgré moi, malgré mes ressentis face à cet homme, je souhaitais qu'il sorte vivant de cette histoire. Ensuite, les deux autres personnages principaux de Popcorn sont, bien évidemment, les deux tueurs: Wayne et Scott. Ce sont des êtres méchants, dépourvus de sentiments (quoiqu'ils en disent) et avec comme seule envie de régner sur les autres. Vers la fin de l'histoire, Wayne confronte Bruce et j'ai bien aimé ce qu'il avait à dire sur la société, sur l'influence qu'ont les gens importants sur les autres. Ces deux monstres sont plus intelligents que je pensais.

J'ai l'impression de n'avoir mentionné que les aspects négatifs de ce roman, mais ne vous inquiétez pas! J'ai noté quelques points qui m'ont plu. 
Tout d'abord, la critique sociale dans ce roman est tellement forte. Les films de Bruce sont dits comme étant le reflet de la société américaine par certains, alors que d'autres disent que ses films ne sont qu'un divertissement. Cependant, avec Wayne et Scott, on voit bien que la société américaine n'est pas rose... Et puis, quel est le rôle de l'artiste dans tout ça? Vers la fin, la discussion entre Bruce et Wayne est centrée sur ce sujet et c'est de loin mon passage préféré. À un autre moment, les médias entrent dans le décor et c'est tout simplement à se tordre de rire. Tout ce qu'ils disent juste pour écouler le temps, juste pour parler, c'est atroce. Toutefois, ça permet de s'ouvrir les yeux sur la réalité des choses. Les médias ont tendance à nous polluer l'esprit, quoi qu'on en dise. 

Ensuite, je ne saurais vraiment expliquer pourquoi, mais j'ai vécu une certaine addiction face à ce livre. Je voulais lire, je voulais savoir ce qui allait se passer, j'avais besoin de le savoir. La preuve, je l'ai lu très rapidement. 

Pour terminer cette chronique qui s'éternise, je le réalise bien, je voulais mentionner la présence du cinéma dans ce livre. Bien sûr, le personnage principal est un cinéaste, alors le lien est facile à faire. Mais à plusieurs reprises, les scènes sont décrites comme dans un scénario de film. Comme ça, ça aide bien à s'imaginer les décors et les endroits où les personnages se trouvent. Cependant, j'avais peur de découvrir que cette histoire n'était que le scénario d'un film de Bruce... Rassurez-vous, ce n'est pas le cas.

Bref, je pense que ça suffit largement. Je tiens tout spécialement à remercier Stéphane de m'avoir prêté ce livre. Même si ça n'a pas été un coup de coeur, je suis très contente de l'avoir lu. C'est toujours bon de sortir de sa zone de confort et de découvrir de nouvelles choses. Merci à toi!

★★☆☆

mercredi 3 février 2016

La nuit des temps de René Barjavel

Résumé

L'Antarctique. À la tête d'une mission scientifique française, le professeur Simon fore la glace depuis ce qui semble une éternité. Dans le grand désert blanc, il n'y a rien, juste le froid, le vent, le silence.
Jusqu'à ce son, très faible. À plus de 900 mètres sous la glace, quelque chose appelle. Dans l'euphorie générale, une expédition vers le centre de la Terre se met en place.
Un roman universel devenu un classique de la littérature mêlant aventure, histoire d'amour et chronique scientifique.

Publié en 1968 chez Pocket
407 pages





Ce que j'en pense

Il y a de ça trop longtemps, j'avais acheté ce livre par simple curiosité. J'en avais entendu parler, mais très peu. Je savais que ce livre avait une certaine renommée, alors pour parfaire ma culture personnelle, je me suis dit qu'il serait temps de le sortir de ma bibliothèque. 

La nuit des temps est un roman de science-fiction racontant l'histoire d'un groupe de scientifiques qui découvre deux humains endormis dans une pièce sous plus de 900 mètres de glace. Ces êtres y sont prisonniers depuis plus de 900 000 ans, mais leur corps est toujours intact et on dirait qu'une seule nuit a passé. Ainsi, les scientifiques feront tout ce qui est en leur pouvoir pour réveiller ces deux êtres et pour connaître leur histoire.

Il est bien rare que je lise des romans de science-fiction. En fait, il se pourrait bien que ce soit l'un des premiers. J'ai bien aimé, mais ce n'est définitivement pas mon genre préféré. Cependant, je me dois d'admettre que l'histoire dans La nuit des temps est très bien développé et que l'auteur sait comment nous garder captivé jusqu'à la toute fin.

À mes yeux, le point le plus fort de ce roman est le lien qui unit tous les scientifiques. Car, afin de percer les mystères concernant ces deux êtres du passé, les scientifiques ont besoin des hommes les plus intelligents de tous les pays. Ainsi, il y a des Français, des Anglais, des Chinois, des Allemands, bref, tout le monde est rassemblé. Bizarrement, malgré leurs coutumes et leurs idéologies différentes, ils arrivent à trouver un terrain d'entente. Et c'est ça que j'ai aimé: voir des gens tellement différents faire des compromis sans avoir en tête leur petite personne. Le seul point important étaient la survie des deux humains. C'était ça et c'est tout.

« Pourtant, nous sommes tous pareils... Nous avons quelque chose en commun qui est plus fort que nos différences : c'est le besoin de connaître. Les littérateurs appellent ça l'amour de la science. Moi, j'appelle ça la curiosité. Quand elle est servie par l'intelligence, c'est la plus grande qualité de l'homme. Nous appartenons à toutes les disciplines scientifiques, à toutes les nations, à toutes les idéologies. Vous n'aimez pas que je sois un Russe communiste. Je n'aime pas que vous soyez de petits capitalistes impérialistes lamentables et stupides, empêtrés dans la glu d'un passé social en train de pourrir. Mais je sais, et vous savez que tout ça est dépassé par notre curiosité. Vous et moi, nous voulons savoir. Nous voulons connaître l'Univers dans tous ses secrets, les plus grands et les plus petits. Et nous savons déjà au moins une chose, c'est que l'homme est merveilleux, et que les hommes sont pitoyables, et que chacun de notre côté, dans notre morceau de connaissance et dans notre nationalisme misérable, c'est pour les hommes que nous travaillons. Ce qu'il y a à connaître ici est fantastique. Et ce que nous pouvons en tirer pour le bien des hommes est inimaginable. Mais si nous laissons intervenir nos nations, avec leur idiotie séculaire, leurs généraux, leurs ministres et leurs espions, tout est foutu ! »

Un autre point fort est les détails de l'histoire concernant ces deux êtres humains prisonniers de la glace. Elle est détaillée, approfondie et touchante. Dans ce livre, ils sont nos ancêtres et pourtant, ils connaissent tellement plus de choses que n'importe quel scientifique de renom. Comme quoi il faut être attentif à ce que nos ancêtres nous lèguent.

D'un autre côté, il y a un aspect qui m'a déçue: la relation entre Simon et Eléa. Je ne veux pas dévoiler qui sont ces deux personnages, par peur de trop en dire, mais l'amour que ressent Simon envers la jeune femme m'a tellement semblé... irréel, impossible et naïf. Je veux dire, ils ne se parlent que très peu, ils ont du mal à se comprendre totalement, comment peut-il se dire amoureux d'elle ? Cependant, ils semblent passer tout leur temps ensemble... Je pense que l'auteur aurait dû inclure plus de moments partagés entre ces deux personnages pour approfondir les liens de leur relation. Ça manquait de profondeur et d'explication. Pour être franche, je pense que je m'attendais à une grande histoire d'amour.

« Tu me comprends, tu avais compris, peut-être pas tous les mots, mais assez de mots pour savoir combien, combien je t'aimais. Je t'aime, l'amour, amour, ces mots n'ont pas de sens dans votre langue, mais tu les avais compris, tu savais ce qu'ils voulaient dire, ce que je voulais te dire, et s'ils ne t'avaient pas apporté l'oubli et la paix, ils t'avaient donné, apporté, posé sur toi assez de chaleur pour te permettre de pleurer. »

L'écriture de l'auteur est facile d'accès malgré la présence de termes scientifiques. J'ai beaucoup aimé les passages en italiques qui relataient les pensées de Simon. Aussi, les chapitres ne font jamais plus de sept à huit pages, alors c'est un point important pour moi qui prend toujours des pauses durant ma lecture.

Bref, je suis bien contente découvert ce classique de la science-fiction. Je pense me souvenir longtemps de cette histoire juste pour son côté humain et vrai. Peut-être qu'un jour les humains de notre planète accepteront de ne faire qu'une seule équipe.

★★★☆☆

mardi 2 février 2016

(Bilan) Janvier 2016


En ce deux février, je vous retrouve un peu à contre-coeur pour vous faire part de mon bilan du mois de janvier. Non pas qu'il y ait un quelconque problème avec vous, c'est plutôt moi. Je m'explique. En date du 14 janvier, j'avais déjà trois livres de lus. Et combien en ai-je lu après cette date ? Aucun. Je suis affreusement déçue de moi, car je n'ai repris les cours que le 25 janvier, alors j'aurais eu amplement le temps de lire. Certes, j'ai beaucoup travaillé et j'ai essayé de passer du bon temps, mais je regrette de ne pas avoir lu au moins deux livres de plus. Bref, j'espère me rattraper en février.

Sur une note plus positive, même si je n'ai lu que trois livres, j'ai eu deux coups de coeur parmi ceux-ci. Tous nos jours parfaits ainsi que La Vérité sur l'Affare Harry Quebert sont des bijoux, des vraies petites perles. Ils m'ont charmée du début à la fin et grâce à eux, j'ai passé d'excellents moments. Même que je les ai terminés à contre-coeur ! J'aurais aimé ne jamais quitter ces deux histoires et leurs personnages. Pour ce qui est de Sylvia, je suis bien contente de l'avoir sorti de ma pile à lire, car j'ai découvert un auteur avec une plume sublime et très poétique. 

Bref, voici le bilan numérique:
Trois livres pour 1374 pages

En février, je vous souhaite de belles lectures 
et un réchauffement de la température (si possible) !